Une participation croissante mais encore inégale des congés paternités en entreprise
Une analyse de l’évolution du congé de paternité entre 2013 et 2021 révèle des transformations significatives dans les pratiques paternelles françaises. L’étude de la DREES sur les modes de garde des jeunes enfants révèle une progression encourageante du recours au congé de paternité en France. Entre 2013 et 2021, la proportion de pères bénéficiant de ce congé est passée de 62% à 67%, témoignant d’une évolution des mentalités autour de la paternité.
Cette progression s’explique par deux phénomènes convergents : d’une part, l’augmentation du nombre de pères éligibles (de 91% à 94%), liée à la hausse de l’activité masculine, et d’autre part, une meilleure adhésion au dispositif parmi les pères éligibles (de 68% à 71%).
Des disparités persistantes selon le statut professionnel
Pour l’entreprise, la mixité hommes-femmes est un indicateur qui révèle si oui ou non, tous ses collaborateurs, hommes et femmes, peuvent s’épanouir, développer leurs talents et contribuer à la performance. De mauvais scores de mixité hommes-femmes révèlent de préoccupants gâchis de talent notamment féminins.
À l’inverse, de bons scores de mixité femme-homme à tous les niveaux de l’entreprise reflètent la capacité de l’entreprise à éliminer un ensemble de barrières, visibles ou invisibles, individuelles ou collectives, conscientes ou inconscientes, empêchant la valorisation de tous les talents. Dans notre formation sur la mixité professionnelle, nous formons les managers a prendre conscience de l’importance de l’équilibre vie professionnelle / vie privée de leurs collaborateurs pour contribuer à une mixité vecteur de performance au travail.
Rappelons-le, « mis en place en 1909, le congé de maternité a pour but de protéger la santé de la mère et de son enfant à naître, ainsi que de faciliter les premières semaines de vie de la famille après la naissance tout en maintenant les revenus professionnels de la mère pendant cette période. Beaucoup plus récent, le congé de paternité a été instauré en 2002 afin de développer les tout premiers liens entre le père et son enfant, rééquilibrer les tâches familiales et promouvoir l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Ces congés sont ouverts à tous les parents en emploi au moment de la naissance – sans condition d’ancienneté, d’activité ou de seuil d’effectifs – ou au chômage indemnisé au cours des 12 derniers mois« .
Source : DataDresse, juillet 2023 « Premiers jours de l’enfant : un temps de plus en plus sanctuarisé par les pères via le congé de paternité »
Malgré ces avancées, des écarts significatifs persistent selon la situation professionnelle des pères :
- Les fonctionnaires et salariés en CDI du secteur public affichent le taux de recours le plus élevé (91%)
- Les salariés du secteur privé en CDI suivent avec 82% de recours
- Les travailleurs indépendants restent en retrait avec seulement 46% de participation, malgré une progression notable de 14 points depuis 2013
- Les pères au chômage indemnisé présentent le taux le plus faible avec seulement 13% de recours, contre 75% pour les mères dans la même situation
La sanctuarisation des premiers jours : un phénomène marquant

L’une des évolutions les plus frappantes concerne le timing du congé de paternité. La proportion de pères débutant leur congé dans la semaine suivant la naissance a bondi de 49% en 2013 à 72% en 2021. Cette « sanctuarisation » des premiers jours révèle :
- L’influence des professionnels de santé qui encouragent la présence paternelle immédiate
- L’évolution des normes sociales valorisant le lien père-enfant dès les premiers instants
- Une prise de conscience de l’importance de l’attachement précoce
Cette tendance s’observe pour tous les rangs de naissance, y compris pour les familles ayant déjà des enfants.
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L’impact de la réforme de juillet 2021
La réforme du congé de paternité, entrée en vigueur en juillet 2021, a introduit des changements majeurs :
- Allongement de la durée : passage de 11 à 25 jours calendaires
- Introduction de 4 jours obligatoires immédiatement après le congé de naissance
- Possibilité de fractionnement du congé en plusieurs périodes
Les premiers retours montrent que :
- 65% des pères concernés avaient déjà pris la totalité des 25 jours au moment de l’enquête
- 20% ont opté pour un fractionnement de leur congé
- Le recours aux congés complémentaires diminue (25% contre 40% avant la réforme)
Des stratégies d’adaptation selon les profils
L’enquête révèle que près de deux pères salariés sur cinq complètent leur congé de paternité avec d’autres types de congés (congés annuels, RTT, etc.). Cette pratique varie considérablement :
- Fonctionnaires et agents publics : 48% de recours aux congés complémentaires
- Salariés en contrat court : seulement 24%
- Ouvriers : 30% contre 44-45% pour les autres catégories
Les freins au recours : entre contraintes et méconnaissance
Plusieurs obstacles limitent encore l’accès au congé de paternité :
✅ Contraintes professionnelles : les travailleurs indépendants et les salariés précaires craignent les conséquences de leur absence (perte de clients, risques pour l’emploi).
✅ Contraintes financières : le plafonnement des indemnités journalières (environ 95€ nets par jour pour les salariés, 60€ pour les indépendants) constitue un frein pour les revenus élevés.
✅ Méconnaissance des droits : particulièrement marquée chez les parents au chômage indemnisé, cette méconnaissance explique en partie le faible recours dans cette population.
Cette étude met en lumière une transformation profonde des représentations paternelles en France. Le congé de paternité, initialement conçu pour développer les liens père-enfant et favoriser l’égalité professionnelle entre femmes et hommes, semble progressivement remplir ses objectifs.
La « sanctuarisation » des premiers jours de l’enfant par les pères témoigne d’une évolution culturelle majeure : la paternité devient plus impliquée, plus précoce et plus valorisée socialement.
Toutefois, des inégalités persistent, notamment liées au statut professionnel et aux revenus. La pleine réussite de cette politique publique nécessitera probablement des ajustements, notamment en matière d’indemnisation et d’accompagnement des publics les plus fragiles.
Sources : DREES, Enquête « Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants » 2021. Étude réalisée auprès de 9 000 ménages ayant au moins un enfant de moins de 6 ans.